Disparu en 2013, le photographe italien Gabriele Basilico laisse une oeuvre d’une
importance considérable qui s’inscrit déjà dans l’histoire de la photographie.
Né à Milan en 1944, Gabriele Basilico poursuit jusqu’en 1973 des études d’architecture
et obtient son diplôme d’État. Dans le cadre d’une longue recherche sur l’espace
urbain industriel de Milan, Basilico commence à photographier la ville et ses
territoires, imposant rapidement son style et l’originalité de sa démarche.
En 1984, il est invité à participer à la fameuse Mission photographique de la Datar,
grande campagne sur la transformation du paysage, initiée par le gouvernement
français. Ces campagnes photographiques qu’il développera ultérieurement dans le
monde entier sont exemplaires de l’approche et de la méthode de Basilico. Elles
proposent et combinent une exploration minutieuse des espaces publics, des villes et
des paysages, et une interrogation approfondie sur les mutations subies ou choisies
qui transforment en permanence ces lieux.
L’Expérience des lieux, titre d’un premier livre rétrospectif publié en 1994, désigne au
plus précis la dimension phénoménologique de l’entreprise photographique de
Basilico.
Quels que soient la ville ou le paysage abordés, il s’attache d’abord à “ordonner”
l’élément observé ; il en décrypte les lignes de force, les symétries, attentif à chaque
détail autant qu’à l’agencement général des formes. Mais ce que parvient également
à saisir le photographe relève d’un type d’identité territoriale qui fait place à l’histoire
et à la mémoire d’un lieu. Décrivant l’univers photographique de Gabriele Basilico,
l’historien d’art Achille Bonito Oliva évoque très justement “une iconopolis, véritable
cité pelliculaire d’architectures figurées, capables de représenter leur propre
condition urbaine et, en même temps, d’occulter tout état psychologique”.
Authentique outil de connaissance et d’appréhension du monde, la photographie de
Gabriele Basilico se lit aussi comme une étonnante poétique du regard… Chaque vue
de façade d’immeuble, de maison ou d’usine est perçue dans la singularité d’un
portrait ou la délicatesse d’une nature morte.