Utilisée dès le XVIIIe siècle, l'expression « vernis Martin » a été reprise par les marchands de curiosités du XIXe siècle pour parler des objets en laque fabriqués par les ateliers des Martin, vernisseurs établis à Paris. L'expression s'est fixée à cette époque au point de devenir synonyme de « laque français du XVIIIe siècle », tant il incarnait la finesse, les couleurs vives et la qualité de ces objets précieux. Vers la fin du XVIIe siècle, le coût de plus en plus élevé de la production de laque japonais et la qualité moindre des laques d'importation chinois amènent en effet les Européens à vouloir s'approprier la maîtrise de cette matière. En Allemagne, en Angleterre, en Hollande et en France, des artisans cherchent à retrouver cet aspect velouté et profond et à imiter avec talent les productions orientales. À Paris, de nombreux ateliers de peintres doreurs-vernisseurs voient ainsi le jour. Parmi les plus célèbres, ceux des frères Martin, rues des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, dont la renommée associe le nom à leur technique, puis à l'ensemble des laques produites en France. Bientôt leur clientèle, française et européenne, dépasse celle de la chinoiserie. L'introduction de la couleur est l'une des spécificités de la laque française : aux fonds noirs et rouges succèdent des fonds jaune, bleu, vert, blanc ou or. L'iconographie évolue au fil du XVIIIe siècle, répondant aux goûts des clients : elle s'éloigne peu à peu des scènes asiatiques pour s'inspirer des peintres de l'époque, comme Boucher, Oudry ou Greuze. Les objets recouverts de vernis Martin sont d'une grande diversité, sur tous types de support (bois, métal, papier mâché...) et du plus petit objet au plus grand : boîtes, étuis, meubles, panneaux de boiseries, mais aussi instruments de musique ou scientifiques. La production atteint les sommets du raffinement à travers les décors qui parent les carrosses et les berlines, recherchés par toutes les cours d'Europe. Cet ouvrage est le premier consacré au vernis Martin.
